Site en Scène 2014 : Petites Musiques Conjuguales

Site en scène, Surgères 2014

Sous le titre malicieux "petites musiques conjugales", ce sont trois comédies légères et cruelles qui sont présentées : La peur des coups de Georges Courteline, Feu la mère de Madame de Georges Feydeau et le 4ème acte de La valse des toréadors de Jean Anouilh. Toutes évoquent le combat sans merci homme – femme dans la périlleuse aventure conjugale.

Le contexte

« Dans ce monde du début du siècle dernier où la femme n’a – rappelons-le - aucun droit juridique, sa seule perspective est d’être si possible belle pour finir « bien mariée », et bonne génitrice. Dans cette société qui a corseté la femme corps et âme, l’intime (la chambre à coucher) devient l’arène de la confrontation. Ces trois pièces démontrent que ce manque de liberté fait du foyer une prison où la femme prisonnière règne, le temps passant, elle y devient despote : de vestale, gardienne du lieu, pourfendeuse des vices de son partenaire, elle finit par étendre sa toile tissée de ses rancœurs et de ses amertumes. Dans ce même foyer, l'homme qui a tous les droits sur elle, y apparaît paradoxalement toujours étranger, toujours vêtu, d'un frac, d'un déguisement, d'un habit militaire, le plus couvert possible, vulnérable.

L’histoire

Ces trois pièces présentent trois couples d’âges différents, et le lit conjugal en est la figure centrale. Lequel au fur a mesure des pièces et des âges représentés (la peur des coups, jeune couple ; feu la mère de Madame, couple d’age moyen enfin la valse des toréadors, vieux couple) va s’élever pour rendre la femme grandiloquente, extravagante, incontrôlable. Vengeresse. Les actes se succèdent, les couples s'échangent, chacun est différent et pourtant tous sont les mêmes, le même thème se reprend en variations, la situation va crescendo jusqu'au paroxysme final où Anouilh met aux prises un général et sa plus fidèle ennemie dans un acte d'un lyrisme débridé. Pas d'issue mais le rire que déclenche l'outrance, un « boulevard » qui emprunte des costumes d'opéra. »

Les auteurs

Ces trois auteurs – masculins - ont en commun, l’efficacité dans l’écriture, la raillerie caustique et une vision pessimiste du couple. Leurs personnages sont dessinés à gros traits. On les a dit misogynes : pourtant dans chacune de leur pièce, l’homme y est invariablement prétentieux, lâche et donc ridicule. Certes la femme y est impitoyable, puisque désillusionnée : en effet son prince charmant n’existe pas, sans répit ses désirs inassouvis la rendent terrifiante, pathétique et donc comique.

Distribution

« Feu la mère de Madame » de Georges Feydeau
Jérôme BERTHELOT : Lucien
Isabelle GOFFART : Annette
Véronique HERVOUET : Yvonne
Antoine MONIER : Joseph

« La peur des coups » de Georges Courteline
Marie BOUTTEAUD : Elle
Antoine MONIER : Lui

« La valse des Toréadors » de Jean Anouilh
Frédérique LE NAOUR : La Générale
Jean-Michel GUINDET : le Général

Sur une idée originale de : Jean-Marie Bréhier

Metteur en scène : Agnès BRION

Scénographe, Décors et Direction d’acteurs : Emmanuelle MARQUIS

Note d’intention :
« Ce théâtre au rythme effréné et à la verve satirique où cris, pleurs, injures jubilatoires, vilaines veuleries se mélangent, me ravie. Mais au-delà de ce ravissement ces pièces nous rappellent que la femme avait peu de chance d’être heureuse car sans autonomie salariale, elle est pieds et mains liés à son mari. Par conséquent ce dernier devient son défouloir, sa victime ; le lieu du crime, la chambre à coucher ; le mobile, la liberté du mari comparée à la sienne. Nous sommes encore les héritières et les héritiers de ces couples là. Nos combats pour la parité (lesquels ne sont pas tous gagnés), restent des combats car il y a peu, la femme n’avait que son fiel pour se faire entendre.» Agnès Brion


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